Textiles, papiers, mugs, accessoires de cuisine ou de bureau, enceintes, horlogerie, powerbanks, clés USB, tours de cou, porte-clés, stylos : notre secteur propose une offre toujours plus vaste en bambou, pour rendre notre métier plus écoresponsable.
Il faut dire que le bambou est un matériau extraordinaire. De la famille des graminées, comme l’herbe ou le maïs, il pousse à toute vitesse (jusqu’à un mètre par jour pour certaines espèces), demande peu d’eau, ne demande pas d’engrais ou de produits phytosanitaires, fixe 30 % de CO2 de plus qu’un arbre, limite l’érosion grâce à son réseau racinaire et laisse passer plus d’eau grâce à ces feuilles étroites… On le trouve principalement en Asie tropicale et subtropicale, mais il est naturellement présent sur tous les continents, à l’exception de l’Europe – où il est cultivé – et de l’Antarctique.
Que d’avantages pour cette plante… si tant qu’elle soit dans son environnement naturel et que sa production soit responsable et éthique. Mais que se passe-t-il pour qu’aujourd’hui le bambou se retrouve partout dans notre vie ?
Plantation et récolte du bambou
La demande massive de ce végétal entraîne une production intensive et parfois irrespectueuse de l’environnement, conduisant à la déforestation d’autres espèces pour arriver à satisfaire le marché, et ce, particulièrement en Asie. Dans ces forêts, ce sont les jeunes pousses qui sont le plus souvent utilisées pour leurs fibres, alors qu’une gestion durable utilisera les grandes pousses, bien que leur traitement industriel soit plus compliqué.
Transformation du bambou et textile
Les vêtements, serviettes de bain, peignoirs et autres textiles sont étiquetés « fibre de bambou ». Or, la transformation de la plante en fibre textile aboutit, dans l’immense majorité des cas, en viscose de bambou, à grand renfort de soude, sulfure d’hydrogène ou encore sulfure de carbone. Tous trois sont des produits nocifs pour la santé des travailleurs et de la communauté environnante, et sont extrêmement inflammables.
Les objets en bambou
Les tasses et mugs en bambou permettraient de limiter les 36 000 tonnes de déchets liés à la seule utilisation des gobelets en plastique. Mais là aussi, il faut se pencher sur la question de la transformation du produit. En effet, ces tasses et mugs sont fabriqués à partir d’une poudre de fibres de bambou finement broyées, qui sont ensuite collées ensemble. Sur 12 tasses testées par l’agence allemande Stiftung Warentest, toutes contenaient de la résine de mélamine, une sorte de colle plastique à base de formaldéhyde. Des études montrent que la mélamine est susceptible de causer des dommages à la vessie et aux reins, alors que le formaldéhyde est un irritant connu et peut-être cancérigène s’il est inhalé. Néanmoins, tant que certaines conditions sont remplies, la résine de mélamine n’est pas considérée comme une substance dangereuse. Stiftung Warentest a également testé ce qui se passe quand on met un liquide chaud à plus de 70° dans ces tasses. Après 3 remplissages pour les unes, 7 remplissages pour les autres, presque toutes libèrent de la mélamine et du formaldéhyde.
Transport
Chine, Inde, Laos, Vietnam, Amérique latine : quand le bambou arrive chez nous, son empreinte écologique en a déjà pris un sacré coup.
L’œil de Maxime
Ce n’est pas le bambou en lui-même qui n’est pas écologique, mais sa production excessive, son traitement hautement polluant, son transport et la déforestation massive qu’il entraîne pour répondre aux besoins du marché. Toutes ces étapes ont un impact sur l’effet bénéfique de la culture de la plante.
Annonceurs, revendeurs et même fournisseurs doivent être mieux informés, afin de faire le meilleur choix et de privilégier les cultures et les approvisionnements les plus vertueux. Sinon, le bambou restera un faux-ami écologique.
Que faire dans ce cas, me direz-vous ! Et bien, au risque de vous décevoir, il n’y a pas de solution/produit miracle. Mais bien une attitude et un positionnement qui répond le plus efficacement aux valeurs que vous ou votre client souhaitez mettre en place.
Pour commencer, posons-nous quelques questions « écoresponsables » :
- Mon produit est-il durable et utile dans le temps ?
- Quelle est la matière de mon produit ? Quel est son bilan énergétique et les ressources nécessaires pour sa fabrication ?
- Existe-t-il une filaire de traitement des matières quand mon produit est en fin de vie ?
- Quel est le pays d’origine et le nombre de km parcouru entre le lieu de fabrication, d’impression et mon client ?
Sur base de ces quelques questions, il est déjà possible d’avoir une démarche beaucoup plus responsable et durable quant aux choix des produits que nous allons présenter à nos clients.
Il est temps que nous puissions valablement informer nos clients et porter notre secteur vers quelque chose de plus durable et surtout d’éviter un greenwashing systématique lors de « crise écologique ».